Histoire du fils, Marie-Hélène Lafon

« Gabrielle se méfie du passé, elle s’en défend ; à son âge, cinquante-huit, bientôt cinquante-neuf ans, une femme a tout à craindre de son passé, les regrets, les remords, la nostalgie, le goût de fer froid des occasions manquées et la marée montante des illusions perdues. »

Titre : Histoire du fils

Auteure : Marie-Hélène Lafon

Éditions : Buchet-Chastel

Pages : 176 pages

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Résumé

« Le fils, c’est André. La mère, c’est Gabrielle. Le père est inconnu.

André est élevé par Hélène, la sœur de Gabrielle, et son mari. Il grandit au milieu de ses cousines. Chaque été, il retrouve Gabrielle qui vient passer ses vacances en famille.

Avec ce nouveau roman, Marie-Hélène Lafon confirme la place si particulière qu’elle occupe aujourd’hui dans le paysage littéraire français. »

Mon avis

              Histoire du fils s’ouvre sur un chapitre percutant, qui absorbe tout de suite le lecteur de la plume précise et incisive de Marie-Hélène Lafon. Ce roman, c’est l’histoire d’une famille sur un siècle, l’histoire de la famille d’André, le fils. Elle est « ramassée » en moins de deux-cents pages, ce qui est particulièrement remarquable pour un roman qui fait intervenir de nombreux personnages, de nombreux espaces et qui est étendu sur une si longue période. C’est que Marie-Hélène Lafon a le don de rendre l’intensité dans la brièveté, elle titille le verbe, toujours à la recherche du mot juste. Douze tableaux se découvrent alors, dans un ordre qui bouleverse la chronologie, remontant ou avançant dans le temps. Difficile de comprendre les liens entre les personnages au début, jusqu’à ce que leurs vies s’emmêlent et qu’ils soient reliés par le fil du récit.

L’entreprise peut surprendre et décontenancer, il est facile de se perdre dans ces tableaux qui s’enchainent sans lien apparent au début, avant de comprendre qu’ils sont tous reliés. L’autrice a choisi de représenter certains moments de la vie des personnages comme des clichés qui les replacent dans l’instant, on est comme le spectateur qui déambule dans une galerie de portraits de famille pris à différentes époques et on plonge dedans. C’est assez contemplatif et je me suis parfois ennuyée malgré tout le bien que je pense de ce roman.

Ce livre questionne avant tout nos racines. Gabrielle et Paul ont eu une relation brève hors mariage et André est né. Il a été élevé par la sœur de sa mère, Hélène, entouré de ses cousines et il n’a jamais connu son père. Gabrielle, libre et indépendante ne veut pas vivre le quotidien d’une femme de son époque, ni élever des enfants, ni se marier, c’est pourquoi elle a quitté sa terre pour vivre Paris et exercer son métier d’infirmière. Toujours, Gabrielle restera un mystère pour son fils, car s’il la voit chaque été, elle s’enveloppe de silence. André ne connaitra jamais Paul et sera toujours taraudé par ce manque du père.  

C’est donc avant tout une histoire de racines, celles qui ont nourri notre vie, la famille et la terre qui nous ont vu naître et grandir. L’intrigue se divise entre Paris, le Lot et le Cantal. Il s’agit d’une thématique de l’origine importante pour l’autrice qui est née dans le Cantal, dans une famille de paysans et est partie étudier à Paris dès ses 18 ans. Sa terre, elle la retrouve par l’écriture.

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Pour conclure… Si je n’ai pas été particulièrement sensible à l’histoire car ce n’est pas vraiment ce que je lis habituellement, j’ai été touchée par l’écriture, toujours juste ; le mot, jamais futile. Le roman traverse les époques, les guerres mondiales et les générations. L’autrice souligne la façon dont ceux qui nous ont précédés nous traversent malgré nous, par la transmission.

Pourquoi le lire ? Pour la plume de Marie-Hélène Lafon précise et belle, limpide ; pour cette façon particulièrement originale qu’elle a de questionner nos racines et l’attachement qui nous lie aux endroits qui nous ont vu naître et grandir. Un beau roman.